une herbe danse
molle
c’est une herbe haute
fine à ses hanches
qu’un vent léger tient à la taille
elle ondule et tangue
chavire
elle est toute chargée de sève nouvelle
un bourdon noir tourne autour d’elle
il tente de l’aborder mais à chaque fois
elle s’esquive
il insiste
puis finit par avoir le tournis
écœuré
il s’enfuit vers d’autres fleurs sauvages
mes yeux aussi à la fixer sont chavirés
doucement ils se ferment
ils se laissent endormir
sur une herbe
une herbe haute
toute dure de sève
et qui fait pour me charmer
sa petite danse du ventre
juste avant de sombrer
dans la nuit aux grandes herbes
je pense à René Char et à sa rousserolle
celle qui avait le pied marin
sur son roseau secoué par le vent
qu’est-ce qui est le plus gracieux
l’oiseau l’insecte ou la grande herbe ?
cet instant sans nul doute
que j’emporte dans la nuit aux souvenirs